Wednesday, March 07, 2007

Sans faire de publicité. (Le canard enchaîné)

J'ai envie de parler de cet organe de presse qui a fortement contribué à ma culture politique et journalistique.

Le Canard Enchainé est un cas à part dans le journalisme de presse écrite en France.
Satyrique et parraissant le mercredi, cette publication a un réel pouvoir que l'on ressent particulièrement en période électorale. Il y a fort à parier (mais je ne m'y risquerai pas) que Ségolène Royal, Nicolas Sarkozy et autre Bayrou seront d'accord avec moi sur ce point.

C'est un des journaux majeurs en France et pourtant il se distingue par un spécificité assez rare.
Le canard ne fait pas de publicité.

Mis à part pour ses propres publications (et une anecdotique campagne pour Felix Potin entre les deux guerres mondiales) aucun annonceur ne paie pour figurer sur ses pages par la même occasion, aucun lecteur n'en est importuné. Aucun groupe industriel ne peut donc faire pression sur le canard par cette voie.

Ca ne date pas d'hier. Des l'origine ce fut le crédo de Maurice Maréchal. Ceci en cohérence avec l'esprit d'indépendance d'une part et avec le penchant à gauche du volatil.

Pas de publicité.

Mais, diantre comment ont il fait pour tenir si longtemps?
Le fait de ne pas inclure de publicité permet d'être indépendant des annonceurs. Cela oblige en contrepartie à ne pas compter sur ce revenu.

Et, paradoxalement, le Canard Enchainé est riche. C'est même sans doute l'organe de presse disposant le plus de trésorerie en france. En fait, prudemment, depuis des décenies, le résultats est affecté aux réserves (chaque septembre le Canard publie ses comptes). Cette pratique accompagné d'une prudence commerciale proverbiale le met a l'abri des coups durs, des périodes de mévente et très certainement le dispense de complaire à une banque. J'imagine même que les banques doivent lorgner la gestion de sa trésorerie.

Cela a un corrollaire, aucun dividende n'est versé, les actions ne sont donc pas vénales. Contrairement à de nombreuses entreprises, "Les Editions Maréchal", du nom du fondateur, ne sont pas une marchandise que l'ont peut vendre et acheter.
Et en même temps cette entreprise ne dépend pas d'un état ou d'un quelquonque bienfaiteur.

Certain vous diront que le Canard est avant tout un journal de gauche. Ce n'est pas mon opinion.

C'est avant tout un journal indépendant.

Indépendant financièrement et donc vis a vis des banques et des industries mais aussi des procéduriers.

Indépendant d'un actionnaire, ou d'un parti. Ses propriétaires sont ses salariés.
Enfin, indépendant du pouvoir publique. Le canard est surtout farouchement libre. Ayant pris pour devise " la liberté de la presse ne s'use que quand on ne s'en sert pas". Ses attaques du pouvoir en place de gauche ou de droite sont la pour en temoigner.
Lorsqu'un politique se risque à le contraindre, le gibier d'eau se débat en clamant haut et fort ses griefs voire en portant plainte.

L'exemple le plus marquant est sans doute la tentative de mise sur écoute des locaux du Canard Enchainé.
Cela valu une premiere page à Raymond Marcellin ministre de l'intérieur des années 70. http://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Marcellin.


Son fondateur a ancré la ligne éditoriale à gauche mais surtout, le journal est né de la premiere guerre mondiale dans la mouvance des journaux des tranchées son lecteur fétiche est le soldat, le poilu.

1 comment:

Anonymous said...

merci pour eux.
longue vie au Canard !